ment ; les unes, par un sentiment de justice envers leurs semblables : certaines autres, par l’effet de l’accord qui unit naturellement tous les déshérités entre eux ; enfin, il en était qui prévoyaient la nécessité des concessions à faire au peuple à la longue, ou qui savaient que ces concessions, habilement mises à profit conduiraient, à leur tour, à l’extinction des privilèges nobles, et faciliteraient, à l’aristocratie plébéienne, la conquête de la suprématie politique. Ces opinions, comme on peut le croire, gagnant chaque jour du terrain, les notables parmi le peuple s’étaient mis à la tête de leur ordre pour lutter contre les nobles ; appuyés sur le tribunat, ils menaient contre eux une sorte de guerre légale ; ils combattirent, avec les pauvres, pour l’abolition des misères sociales, dictant au patriciat les conditions de la paix, au jour de la victoire, et s’entremettant entre les deux camps opposés pour conquérir enfin leur admission personnelle aux fonctions publiques.
Telle est la situation respective des partis, au moment où les décemvirs tombent. Il était parfaitement démontré que le tribunat ne se laisserait jamais détruire ; et l’aristocratie du peuple, à cette heure décisive, n’avait rien de mieux à faire que de s’emparer du levier puissant, qu’elle avait sous la main, et de s’en aider aussitôt pour ramener les classes populaires sur le premier plan de la scène politique.
Communauté des mariages et des magistratures.Rien ne fait mieux voir la faiblesse des nobles, en présence des masses coalisées contre eux, que ce qui arrive moins de quatre ans après la chute des décemvirs. Du premier coup sont renversés, dans la sphère du droit, tout au moins, les deux principes fondamentaux de la caste exclusive : l’invalidité juridique des mariages entre les nobles et les plébéiens, et l’inaptitude légale de ceux-ci en matière de fonctions publiques, vont cesser et faire place à un état de choses plus libéral. En