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Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/88

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LIVRE II, CHAP. III

Nouvelle opposition.Un nouveau gouvernement aristocratique s’était constitué ; en face de lui s’éleva aussitôt un parti d’opposition. La péréquation légale des classés n’avait fait que transformer l’aristocratie. En face des nobles nouveaux qui, non contents d’être les héritiers du patriciat, se greffaient sur lui et croissaient avec lui désormais, les opposants demeurèrent debout, et tinrent en toutes choses la même conduite. L’exclusion n’atteignant plus tous les simples citoyens, mais bien seulement l’homme du peuple, ils prennent aussitôt en main la cause des petites gens, celle surtout des petits cultivateurs ; et, de même que la nouvelle aristocratie se rattache aux patriciens, de même les premiers efforts de l’opposition nouvelle se relient aux dernières et décisives luttes du peuple contre la classe privilégiée. Les noms que nous rencontrons d’abord parmi les champions populaires, sont ceux de Manius Curius (consul en 464, 479 et 480 ; censeur en 482290, 275 et 274 ; 272 av. J.-C.) et de Gaius Fabricius (consul en 472, 476 et 481 ; censeur en 479282, 278 et 273 ; 275 av. J.-C.) ; tous deux sans aïeux, et sans fortune ; tous deux portés trois fois par le vote du peuple aux sommités de la magistrature, à l’encontre de la règle aristocratique qui voudrait interdire la réélection aux grandes charges ; tous deux, en leur qualité de tribuns, de consuls et de censeurs, adversaires déclarés du monopole patricien, et protecteurs ardents des petits citoyens des campagnes contre l’ambitieuse arrogance des grandes maisons ! Déjà se dessinent les partis futurs ; mais l’intérêt commun ferme encore la bouche à l’intérêt de parti. On voit les chefs des deux factions, quoique ennemis violents l’un de l’autre, Appius Claudius et Manius Curius, associer leurs sages avis et la puissance de leurs bras pour vaincre Pyrrhus. Plus tard, Gaius Fabricius, qui, censeur, a puni Publius Cornélius Rufinus pour le fait de ses opinions et de sa vie aristocratiques, s’empresse de reconnaître ses talents éprouvés de général