Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 3.djvu/178

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objet capital de sa descente en Italie ? Il pouvait tout espérer. Certes il avait d’abord compté sur son armée : mais, appréciant jus_tement les ressources de la puissance qu’il était venu combattre, son armée n’était,à ses yeux qu’une avant-garde d'invasion. ll ne lui fallait pas moins que réunir peu à peu toutes les forces de l'Orient et de l’Occident, pour préparer sûrement la ruine de la fière métropole romaine. Malheureusement, les secours sur lesquels il avait le plus sûrement compté, ceux qu’on devait lui expédier d’Espagne, allaient faire défaut. Le général envoyé de Rome dans la Péninsule y avait su prendre une position forte et hardie. Débarqué à Empuriœ après le passage du Rhône par les Carthaginois, Cnœus Scipion avait commencé par se rendre maître de la côte entre les Pyrénées et l’Ébre , et repoussant Hannon, il avait pénétré dans l’intérieur· (536). L’année suivante (537), il avait pareillement défait la flotte phénicienne à la hauteur des bouches de l’Èbre; et, se réunissant à son frère, le vaillant défenseur des plaines du Pô, qui lui amenait un renfort de huit mille hommes, il avait’passé le fleuve et poussé jusqu’à Sagonte. En 538, Hasdrubal à son retour reçoit des troupes venues d’Afrique, et tente, conformément aux ordres de son frère, de lui amener une nouvelle armée en Italie. Mais les Scipions lui barrent le passage de l’Èbre et le battent à plate couture, presque à l’heure ou Hannibal triomphe dans la journée de Cannes`. La nation puissante des Celtibères et d’autres peuples non moins considérables ont suivi la fortune des généraux romains. Ceux-ci sont maîtres de la mer, des passages des Pyrénées, et par les Massaliotes, dont la fidélité est certaine, de toutes les côtes des Gaules. Moins que jamais Hannibal n’a rien à attendre de l’Espagne.

Quant à Carthage, elle avait fait jusqu’alors tout ce qui se pouvait attendre d’elle. Ses escadres avaient me-