Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 3.djvu/197

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un instant ressuscité la victoire de Cannes : les forces de combat considérables, levées d’abord et disponibles, avaient été dissipées, tantôt sous l’influence d’une opposition factieuse, tantôt par l’effet de transactions maladroites entre les opinions qui divisaient hautement le sénat. Nulle part elles ne purent rendre de sérieux services, et il n’en avait été expédié que la plus minime partie là ou il eût fallu les employer tout entières. Bref, à la fin de 539, quiconque à Rome avait le sens de l’homme d’État, pouvait se dire que l’heure du grand péril était passée, et que désormais il suffirait de la persévérance dans les efforts sur tous les points à la fois, pour atteindre au succès complet de la défense de la patrie, si héroïquement commencée.

La guerre en Sicile se termina la première. Il n’entrait pas dans les projets actuels d’Hannibal de faire naître la guerre dans l’île. Mais un peu par l’effet du hasard, et surtout par la présomptueuse et enfantine folie de Hiéronyme, une lutte locale éclata, à laquelle le senat de Carthage, par cette raison même, sans nul doute, donna tout particulièrement son attention. Hiéronyme ayant été tué à la fin de 539, il parut plus que vraisemblable que les Syracusains s’arrêteraient dans la voie qu’ils avaient suivie. Si jamais une ville avait un juste motif de s’attacher à Rome, c’était bien Syracuse. Il était sûr que, vainqueurs de Rome, les Carthaginois reprendraient d’abord toute la Sicile ; et quant à espérer qu’ils tiendraient jamais les promesses faites à Hiéronyme. c’eût été jouer un role de dupe. A ces raisons fort graves par elles mêmes, se joignait la crainte. Les Syracusains voyaient les Romains faire d'immenses préparatifs pour ramener complétement sous leur domination l’île importante qui leur servait de pont entre l’Afrique et l’Italie ; ils assistaient au débarquement de Marcellus, le meilleur des généraux de Rome, et chargé