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LIVRE III CHAPITRE VI

Syracuse. Aujourdhui, par l’inconstance de la fortune, la cité allait souffrir de ce qui lui avait jadis été un efficace auxiliaire ; et tandis que Marcellus cantonné dans le faubourg (l’Epip0lœ) y trouvait un poste sain et sûr, les fièvres dévorèrent les bivouacs des Carthaginois et des Syracusains. Hippocrate mourut : Himilcon mourut, et avec lui, presque tous les Africains : les débris des deux armées, indigènes et Sicéles en grande partie, se dispersèrent dans les cités voisines. Les Carthaginois firent encore une tentative pour débloquer la place par mer; mais Bomilcar, leur amiral, recula devant le combat que lui offrit la flotte de Rome. Alors Épicyde, qui dirigeait la défense, tenant la ville pour perdue, s'enfuit à Agrigente. Les Syracusains voulaient capituler : déjà les pourparlers s’entamaient. Pour la seconde fois ils échouèrent par le fait des transfuges. Les soldats se révoltent de nouveau, massacrent les magistrats et les citoyens les plus notables, et remettent tous les pouvoirs et la direction de la défense aux généraux des milices étrangères. Prise de SyracuseMarcellus noua bientôt des intelligences avec l’un d’eux, et se fit livrer par lui l’Ile, l'une des deux parties de la ville qui tenaient encore. Le peuple alors se décida à ouvrir aussi les portes de l’Achradina (automne de 542).212 av. J.-C. Certes Syracuse eût dû trouver grâce devant ses vainqueurs. En dépit des traditions sévères de leur droit public, et des pénalités dont ils frappaient les cités coupables d’avoir violé leur alliance, les Romains auraient pu lui tenir compte de ce qu’elle n'avait plus été maîtresse de ses propres destinées; de ce que maintes fois elle s’était efforcée de se soustraire à la tyrannie d’une soldatesque étrangère. Marcellus a entalié son honneur militaire en livrant au pillage une aussi riche place de commerce. L’illustire Archimède y périt avec une foule de ses concitoyens. Quant au sénat romain, complice du crime de son armée, il ne voulut ni prêter