' LES GUERRES 1)‘HANNIBAL 2M I ne fut.pas_n0n plus de ceux quise jetantà la tête du char de la fortune, l’arrêtent .pendant des annees, jus- qu’au jour ou les roues leur passent sur le corps. C’est en obéissant au Sénat qu’il a gagné des batailles, et conquis des pays. Ses lauriers militaires lui valurent aussi dans Rome une situation politique éminente: toutefois il y a loin de lui à Alexa11dre ou à César. i Général, il n’a pas fait plus pour son pays que Mar- cus·Marcellus 2 homme d’État, sans se rendre exacte? ment compte, peut-être, de sa politique anti-patriotique . et toute personnelle, il a fait autantde mal aux insti- ‘ ' V tutions de sa ville natale, qu’il luiavait rendu de ser·· vices sur les champs de bataille. Et pourtant tous .se f laissent prend1·e au charme de cette aimable et héroïque I figure 2 moitié conviction, moitié habileté, serein et sûr . de soi toujours dans l’ardeur qui lTanime, il s’avance, entouré d’une sorte d’auréole éclatante! Assez — inspiré I · pour enflammer les cœurs-: assez froid et réfléchi pour n’adopte1· que le conseil de la raison, p0Ul‘ compte1· toujours avec la loicommune des choses d’ici—bas , bien éloigné de croire naïvement avec la foule à la révélation divine de ses p1·op1·es conceptions , et trop adroit pour ' vouloir la désabuser 1 d’ailleurs, ayant tout bas la con- viction profonde qu’il est un grand homme par la · g1·ace des dieux : vrai caractère de prophète, pour. tout dire , il se tientau-dessus du peuple et hors du peuple. Sa parole est sùre_·et solide comme le roc : il pense en l i roi, et, croirait s’abaisser.en ramassant un vulgaire titre royal. A côté de cela, il ne sait pas comprendre . que la constitution le lie lui·même : si fort de sa gran~ deur qu’il ignore l’envie et la haine, 'qu’il reconnaît _ courtoisement tous les mérites`, et qu’il pa1·donne et V compatit à toutes les fautes : parfait oflicier, fin diplo· i mate, sans_ porter le cachet professionnel exagéré et dj fâcheux de l’un ou de lÉautre; unissant `la '.culture·"" K `
