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LIVRE III, CHAPITRE VII

commun : enfin la jeunesse cénomane, en révolte cette fois contre l’avis de ses chefs plus prudents, répondit aux cris de détresse des peuples frères. Des « deux barrières fermant le passage aux invasions gauloises », de Plaisance et de Crémone, la première fut renversée, et tous les habitants y périrent à l'exception de deux mille environ : la seconde fut cernée. Les légions coururent du côté où quelque chose restait à sauver. Une grande bataille se donna sous Crémone. L’habileté militaire du général carthaginois ne put suppléer à l’infériorité des soldats : les Gaulois ne tinrent pas devant les légionnaires, et Hamilcar tomba parmi les morts qui couvraient le champ de bataille. La guerre se prolongea néanmoins, et l’armée victorieuse à Crémone essuya l’année d’après (555)199 av. J.-C., de la part des Insubres, une sanglante défaite, principalement due à l’incurie de son chef. En 556 seulement198, on put à grand’peine rétablir la colonie de Plaisance. Mais pour cette lutte désespérée il eût fallu être unis, or la désunion affaiblissait la ligue gauloise. Boïes et Insubres se querellërent, et non contents de se retirer de l’alliance nationale, les Cénomans achetèrent un honteux pardon en trahissant leurs frères. Dans une bataille livrée sur les bords du Mincio par les Insubres, ils firent tout à coup défection, les attaquèrent à dos, et aidèrent au massacre (557)197. Humiliés, laissés seuls en face de l’ennemi, et Côme ayant été prise, les Insubres conclurent séparément la paix (558)196. Cénomans et Insubres subirent des conditions plus dures que celles d’ordinaire imposées aux alliés italiens. Rome n’oublia point de fixer et de renforcer la séparation légale entre Italiens et Gaulois. Il fut dit que nul chez l’un ou l`autre des deux peuples Celtes ne pourrait acquérir le droit de cité; on laissa d`ailleurs aux Transpadans leur existence et leurs institutions nationales : ils continuerent de vivre organisés,