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LIVRE III, CHAPITRE IX

d’entre les Grecs qui leur prêtaient l'oreille, en leur disant que l'arrivée du roi était prochaine, alors que la nouvelle était de tout point un mensonge. C’est ainsi qu’ils agirent sur l’amour propre aveugle de Nabis, qui, se déclarant tout à coup, ralluma le feu de la guerre, deux ans à peine après le départ de Flamininus, et 192 av. J.-C. au printemps de l'an 562. Mais leur succès conduisit d’abord à une catastrophe. Nabis s’était jeté sur Gythion, l’une des cités libres de Laconie que le dernier traité avait concédées aux Achéens; et l’avait prise; Aussitôt l’habile stratége d’Achaïe, Philopœmen, marcha contre lui, et le battit près du mont Barbosthénès [à l’E. de Sparte]. Le tyran ne rentra qu’avec le quart à peine de ses hommes dans les murs de Sparte, où il se vit aussitot investi. Un tel début promettant trop peu pour appeler Antiochus en Europe, les Étoliens songèrent à se rendre eux-mêmes maîtres de Sparte, de Chalcis et de Démetriade. Après ces conquêtes importantes, le roi n'hésiterait plus. Tout d’abord ils comptaient prendre Sparte. L'Étolien Alexamène, sous couleur d’amener à Nabis les contingents féderaux, devait pénétrer dans la ville avec mille hommes, se défaire du tyran et occuper la place. Le coup réussit d’abord, et Nabis périt pendant une revue des troupes: mais les Étoliens s’étant répandus dans Sparte pour piller, les Lacédemoniens se rassemblèrent et les tuèrent tous jusqu'au dernier. Là-dessus Sparte accepte les conseils de Philopœmen, et entre dans la Ligue achéenne. Les Étoliens ont eu le sort qu’ils méritaient: leur belle entreprise a échoué, et ils n’ont fait que promouvoir la réunion du Péloponnèse presque tout entier dans la faction philo-romaine. A Chalcis, ils ne sont pas plus heureux. Le parti romain a le temps d’y appeler à son secours, contre l’armée étolienne et les exilés chalcidiens servant dans leurs rangs, les citoyens d’Érétrie et de Carystos d'Eubée