Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 4.djvu/235

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i · LA LITTÉRATURE ET L’ART 231 ` ' En effet, Euripide renverse l’antique tragédie, mais - il ne lui est pas encore donné de créer la tragédie mo- . . derne; et il s’arrête à moitié chemin, dans toutes les voies ou il s'engage. Le masque, cet organe qui ne laisse rien passer [des mouvements et de la vie de ` l’âme, et qui traduit le jeu mobile de la sensibilité par ' la rigidité d'une expression toute générale, le masque, — était une nécessité pourtant dans la tragédie à grands i types des anciens. Par la memeiaison il ne pouvait ` s'accordei· avec le drame a caractères :`Euripide néan'- - moins le» conserva. Avec le sentimentrmerveilleux et .pr0l`ond de .la situation, la tragédie, ne pouvant se · donner pleine et libre carrière, s'était gardée_ d’entrer dans le vifde l’élément dramatique etde le reproduire: , elle l'avait comme enveloppé sous le costume épique - , des dieux et des héros d’un monde surhumain, et sous les cantateslyriques dc ses chœurs. On`le se`nt,_quand 4 on étudie Euripide,`il voulut briser toutes ces entraves; il se transporta avec sessujets de drame dans les temps déjà à demi—historiques;. ct son chœur recula·au second plan de liintérêt scénique, tellement que, plus tard, on I l’omit souvent en exécutant ses pièces, non d'ailleurs ' sans de graves inconvénients. _ Quoi qu’il en soit, il garde, je le répète,·son chœur I devenu presque inutile, et il n’ose pas encore amener , ses personnages jusque sur le terrain du réel. Expression _ complète `et vraie de son siècle, il est; en plein dans le grand courant historique et pliilosopliique du jour; mais `en même teinps il puise à des sources déjà troublées! Ne faut-il pas à la haute poésie les ondes pures et sans _ mélange de la tradition nationale? La crainte pieuse 'des_dieux jette comme un `rellet du ciel sur le drame des vieux tragiques : sous les horizons étroits et fermés de l’ancienne Hellade, les auditeurs se sentaient pénéf trés .pa1· un charme adoucissant. Dans le monde d’Eu—