Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/142

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138 LIVRE IV, CHAPITRE V ' I plus périlleux, se tenaientenchaînés par des cordes passées dans les ceintures de métal. Les mœurs des Cimbres étaient rudes. Souvent ils dévoraient la viande crue. Le . plus brave, et autant que possible le plus hautde taille, . était roi de l’armée. Souvent aussi, de meme que chez les ‘ Celtes etles autres Barbares, ils convenaient avec l’ennemi A · du jour et du lieu; et avant d’en venir aux mains, tel d’entre eux sorti des rangs provoquait un adversaire au combat singulier. Ils se préparaienta la lutte par des gestes grossiers de mépris et par un vacarme épouvantable, les · _ hommes poussant leur cri de guerre, les femmes et les _enfants frappant à coups redoublés les toits de cuir des chars. Ils se battaient bravement : la mort sur le champ d’honneur leur semblait la seule qui fut digne de l’homme A libre : mais la lutte heureusement finie, ils s’indemnisaient dans les excès d'une bestialité révoltante, ayant parfois . promis à leurs dieux guerriers l’otfrande de tout ce que la victoire aurait donné au vainqueur. En pareil cas, tout le , butin mobilier était brisé 5 les chevaux étaient tués, et les captifs pendus ou mis en réserve pour de sanglants sacrifices. Ils avaient pour pretresses des femmes aux . cheveux grisonnants, enveloppées de vetements blancs, ' allant pieds nus. Comme l’Iphigénie de la fable dans le pays des Scythes, elles immolaient les victimes, et prophé- · tisaient l'avenir qu’elles lisaient dans le sang des prison- niers de guerre ou des criminels; Je ne saurais dans toutes ces coutumes faire le départ de ce qui était de l'usage commun des Barbares du nord, de ce qui venait des Celtes, ou de ce qui venait des Germains : mais faire accompagner A _ et guider l'armée par des pretresses, et non par des prêtres, constitue indubitablement un trait de mœurs germaniques. Ainsi s’avançaient les Cimbres au travers d’un pays ‘ inconnu, monstrueuse cohue de peuples divers, agglomérés O autour de ce noyau d’aventuriers germains, originaires des _ ' bords de la Baltique; assez semblables à ces armées d'émi— grants qui, surchargés de bagages, ct mélésentre eux ,· s’en