Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/15

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MOUVEMENUTRÉFORMISTE tt , dont nous venons de parler. Elle fut plutôt économique et sociale. Ici encore le gouvernement romain laissaitlles choses à elles-memes. Le mal, qui fermentait de longue main, arriva à maturité sans ohstacle, et se développa avec une rapidité et une puissance inouïes. Dans tous les temps, l’économie sociale n’avait connu que deux éléments ou facteurs, se recherchant et se haissant éternellement : l’élément agricole et celui de l’argent. Jadis, en alliance A étroite avec la grande propriété, la finance avait fait à la classe rurale une guerre séculaire. Le paysan vaincu et dé- truit, il semblait que la paix ne se pouvait conclure que sur les ruines de la cité elle-meme. Cette issue déplorable des choses avait été prévenue, grace aux guerres extérieures heureuses, grace aux partages en grand parla rendus pos- sibles des terres domaniales conquises au loin. Nous avons fait voir plus haut (IV, p. 123-132), qu’à l’heure ou sous des noms nouveaux ressuscitait l'antagonisme·entre patri- ciens et plébéiens, le capital démesurément accru avait amené un nouvel orage sur la tète des classes rurales. Mais la route parcourue n’est plus la mème. Autrefois, le petit paysan, écrasé par les frais, s’était transformé en é simple métayer, pour le compte delson créancier : actuel- lement il périt par la concurrence des céréales venues d’au-delà de la mer, ou produites par le ti·avail servile. On marchait avec le siecle : la guerre de·l’argent contre le travail, ou mieux contre la liberté individuelle, se continua, comme toujours naturellement, en empruntant les formes les plus rigoureuses du droit. Si à la différence des anciens temps, l’homme libre ne tombe.plus dans l’esclavage par ' l'effet de la dette, l’esclave régulièrement acheté et payé ' , est substitué au travailleur : le capitaliste-prêteur, domicilié à Rome, suit pas à pas la révolution économique, et se change en industriel et en planteur. En dernière analyse, le résultat est le meme: avilissement de la petite propriété rurale, refoulement par les grands domaines et·raréfaction de la petite culture dans une partie des provinces d’abord, .