Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/159

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· LES PEUPLES DU NORD · ` 155 dessus, sans qu’il leur en coutat beaucoup d’hommes : les ' Gimbres furent anéantis. Heureux purent etre appelés tous ceux que la mort avait couchés sur le champ de bataille, et ce fut le sort du plus grand nombre, y compris le vaillant roi Boiorix : plus heureux du moins étaient-ils que leurs freres'd’armes, qui se tuèrent de désespoir après la bataille, ou qui, trainés sur le marché aux esclaves de _ Home et.livrés à un maître cruel, payèrent l’un après l'autre pour l’injure commise par ces peuples du nord, assez osés pour avoir trop tot tourné leurs convoitises I vers les splendides régions du "sud; A la nouvelle de la — ruine des Gimbres, les Tigorins, demeurés sur les derniers contreforts des Alpes, avec l’intention de les suivre,`s’en · retournèrent dans leur patrie. Ainsi donc, de toute cette avalanche humaine, qui treiie ans durant, avait roulé du Danube à l’Èbre, et de la Seine au Pô, jetant l’efï`roi parmi les nations , les uns gisaient à terre, les autres subissaient la corvée de l’esclaveÉ: les enfants perdus des émigrations germaines avaient soldé leur dette : le peuple sans patrie des Girnbres, avec _tous ses compagnons de route, avait cessé d’etre. ` I A Rome, les partis politiques vont recommencer leurs La ,,,,,0,,,, malheureuses querelles,'pour ainsi dire, sur les cadavres des Germains, sans jeter les yeux plus longtemps sur ce grand `chapitre du livre de l’histoire universelle, dont '. · la premiere page s’était ouverte sans place donnée au sentiment plus pur du devoir accompli par tous, aristo- _ · crates et démocrates. Des le lendemain du combat éclate _ ` la rivalité la plus haineuse entre les deux généraux, divisés dans la politique, divisésaussi comme militaires par les résultats si différents de leurs deux récentes cam- . pagnes. Gatulus faisait valoir, · non sans apparence de _ raison,_ que la victoire était due à l’effort des troupes ran- gées au centre et qu’il avait commandées; que ses soldats avaient rapporté trente et un étendards, quand ceux de Marius n’en rapportaient que deux : ses légionnaires eux- ,