Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/166

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_ 162 LIVRE IV, CHAPITRE VI jour à comparer ses expéditions d’Afrique et de Gaule aux . promenades de Dionysos. vainqueur à travers tous les continents; et s’il se tit faire une autre fois, pour son usage personnel, un vase à boire, non des plus petits sans doute, . àl’instar aussi de celui de Bacchus! Il y avait de l’espoir autant que de la reconnaissance dans l’ivresse enthousiaste ‘ du peuple ·: un homme de sang plus calme et de sens . politique plus mûr et plus expérimenté s'y fût laissé _ prendre. Pour ses admirateurs, Marius n’avait point . achevé son œuvre. Le triste gouvernement d’alors était pour le pays un fléau plus lourd que les Barbares : àt lui, le premier dans Home, à lui, le favori du peuple, et la _. tete de l’opposition, il appartenait de sauver Bome encore une fois. Sans doute, paysan et soldat, étranger ài la poli- tique intérieure de la capitale, il n’y apportait·qu’une main malhabile : il parlait aussi mal qu'il savait bien ` commander: en face des épées et des lances de l’ennemi, il faisait meilleure contenance que devant les applaudisse- ments et les sifflets de la foule; mais peu importaient ses préférences! Espoir oblige. Telle était sa fortune militaire . et politique, qu’à moins de rompre avec un passé plein de gloire, de tromper l’attente de son parti, je dirai meme · de la nation, et de faire défaut au devoir de sa propre · conscience, il lui fallait porter remède à la mauvaise gestion des affaires publiques, et mettre tin au gouverne- ment de la restauration. N’eût-il eu en lui que les qualités cssentielles à l’bomme que lejpeuple porte à sa tete, A encore il pouvait se passer des qualités qui lui manquaient _ pour devenir le vrai meneur populaire! xwveiis L’organisation nouvelle de l’armée plaçait dans ses °f"]î‘Q,É,‘Q§§f‘ mains un instrument d’une effrayantepuissance. Avant ' lui, sans doute, il avait été dérogé maintes fois à la penséc fondamentale de l’institution de Servius, suivant laquelle, on le sait, la milice ne se levait que parmi les citoyens qui Q _ possédaient, et selon laquelle aussi, pour la formation des ' · diversesarmes,onsuivaitrigoureusementl’ordredesclasscs,