Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/404

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I i 400 ` "LIVRE IV, CHAPITRE X- , ' Que de fois n’a—t-on pas répété qu’avant sa régence il fut un homme bon et doux; que pendant sa régence il se

 montra forcene et sanguinaire? Le fait est vrai et s’ex-

plique : si,. une fois dictateur, il n’eut plus rien de son indulgence passée envers ses adversaires , il resta pour- - tant le méme, il en faut convenir, mettant le meme calme insouciant à punir qu’il en mettait à pardonner. Tous ses , actes politiques sont marqués au coin de cette légèreté à V demi ironique. De même qu’il se complut a qualifier de g` pure bonne chance les talents qui lui donnaient la victoire, de même il se comporta comme si la victoire ne lui avait · été d’aucun prix, comme s'il eût eu le pressentiment dela fragilité et du -néant de son œuvre; comme si, simple intcndantde la maison, il eût mieux aimé la réparer que la démolir et la reconstruire, et n’eùt fait, apres tout, 4 qu’en badigeonner les lézardes d’un enduit quelconque, en vue de—l'heure présente. i ' Sylla Quoi qu’il en soit, ce Don Juan de la politique était dans sa retraite. , . . . . coulé d un seul get. Toute sa vie témoigne du calme équi- · libre de ses facultés : dans les positions les plus différentes il demeure immuable. De- même qu’après ses premiers et éclatants succès en Afrique, il était revenu chercher dans Rome les jouissances du citadin oisif, de mème, ayant possédé le pouvoir absolu, il ira chercher le délassement et le repos dans sa villa de Cumes. Ce n’était point une V phrase menteuse qu’il avait à la bouche, quand il se plai- gnait du lourd fardeau des affaires publiques : ce fardeau il le rejeta, dès qu’il le put et l’osa. Après son abdication, , il resta pareil à lui-mème, ne montrant ni humeur ni affec- tation, satisfait d’avoir enfin les mains allégées; interve- nant parfois de son autorité ancienne, quand l’0ccasion le voulait. La chasse, la pèche, la rédaction de ses Mémoires, remplissaient les heures de son loisir : entre temps il ' réglait les affaires intérieures de la colonie voisine de Pouz- zolles, ou la dissension s’était mise: rapide et sûr, comme jadis, quand il gouvernait Rome. Couché déjà sur son lit