Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

58 LIVRE IV, CHAPITRE III travaillaitnon moins énergiquement a la ruine de l'aris- _ tocratie. Bien convaincu de la fragilité du pouvoir 'de tout chef politique qui ne règne que parla populace, il mit aussi ses soins à semer la division dans l’aristocratie, à en entraîner une partie dans le sens de ses intérets. Les éléments de désunion qu’il lui fallait, il les avait sous la 4- main. Cette armée des riches, qui s’était levée comme un I seul homme contre son frère, se composait en réalité de deux cohortes différentes, comparables sous certains rapports avec les deux aristocraties anglaises des lords et` dela cité de Londres. Dans l’une se rangeait le groupe inabordable - des familles sénatoriales, étrangères aux affaires de spéculation directe, et dont les immenses capi- V taux trouvaient emploi, soit dans la propriété foncière, soit' dans les grandes associations, sous forme de parts secrètes. Les spéculateurs de profession formaient au contraire le second groupe : c’étaient eux qui géraientles sociétés : leurs opérations de gros et leurs affairesde banque s'étendaient sur tout le territoire de l’empire et de l’hégémonie de Rome. Déjà, nous avons montré (IV, p. M2 4 et suiv.) comment, au cours du vrèsièéle principalement, ils s’étaient peu à peu élevés jusqu’au niveau des sénato- riaux, et comment, en interdisant à ceux-ci de faire le commerce, le plébiscite Claudien, œuvre de Gains Flami- nius, le précurseur des Gracques, avait établi une démar- cation légale entre eux et la _classe commerçante et ban- quière (IV, p. M4) . Mais aujourd’huil’aristocratie del’argent, sous son nom de « chevalerie » a conquis déjà l’inf1uence décisive dans les affaires politiques. La chevalerie n’avait été à l’origine que le corps descavaliers de la milice civique. Son nom s’était d’abord étendu, du .moins dans la langue usuelle, à tous ceux qui, possesseurs d’une fortune de 400,000 sesterces au miuimum [= 87,694 fr.], devaient le service à cheval: par suite, il avait bientôt servi à désigner toute la haute société romaine, sénatoriale ou non. Mais, peu de temps avant Gaius, la loi ayant déclaré