Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/8

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4 L4lVRE IV, CHAPITRE Xl » . lien d'une dépendance plus large au regard de la République. Derrière l'éclatant échafaudage des réunions des provinces a l'empire, se cache un amoindrissement sensible de la ' puissance romaine. A l'heure méme où la civilisation antique tout entière se concentre plus fortement dans la cité de Rome, et y recoit pour ainsi dire son expression universelle et dernière, au-dela des Alpes, au-delà de l’Eu- phrate, les nations exclues du monde romain passent de la défensive à l’attaque. Sur les champs de bataille d'Aix et de Verceil, de Chéronée et d'0rchomene, on a entendu les premiers coups de tonnerre: l’orage s’approche, qui jettera sur l’univers gréco-italique les races de la Germanie et les hordes de l'Asie, cet orage, dont les sourds roulements se sont prolongés presque jusqu’a nous et retentissent _ _ encore. Au dedans, cette période offre le méme caractère. L’ordre politique des anciens jours s’écroule sans retour. La République romaine, à ses débuts, c’était la cité avec son peuple libre, se donnant ses magistrats et ses lois, conduite par ces memes magistrats-rois qui la con- sultent, sans jamais sortir des barrières légales: autour de la cité, gravitaient, dans leur double orbite, les fédérés italiques, avec leur système de cités particu- lières, libres aussi, pareilles et apparentées de race à la ` ville de Rome; et les alliés extra-italiques, composés des villes franches de la Grèce, des peuples et des souverainetes barbares, sous la tutelle plutot que sous la domination de Rome, Résultat dernier et fatal de la Révolution, auquel, il faut le dire, les deux partis conservateurs et démocrates ont travaillé de part et d'autre, et comme d’entente; au commencementde l’ère présente, l'édiiice vénérable ébranlé B et lezardé en bien des endroits, était debout encore : a la fin de la période, il nîen reste plus pierre sur pierre. Aujourd’hui le détenteur du pouvoir est ou un monarque, ou une oligarchie fermée, de nobles aujourd’hui, demain de riches. Le peuple a perdu la part qu’il avait au gouver- nement. Les magistrats ne sont plus que des instruments