Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/100

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cours de cette même campagne, avec son armée bien plus faible quant au nombre, d’aller chercher l’armée de son adversaire, retranchée avec son innombrable cavalerie, sous les murs d’une vaste citadelle pleine de troupes et d’approvisionnements : mais tandis qu’ailleurs les Gaulois n’avaient eu affaire qu’à une partie des légions romaines, aujourd’hui toutes les forces de César sont réunies devant la ville; et Vercingétorix ne pourra plus, comme naguère à Avaricum et à Gergovie, mettre à la fois son infanterie sous la protection du corps de place, et tenant ses communications libres au dehors à l’aide de ses rapides escadrons, intercepter celles de l’assiégeant. Les cavaliers gaulois, découragés déjà par une première défaite, ne tenaient plus en face des Germains de César, qu’ils avaient tant méprisés. La circonvallation romaine enveloppa dans ses lignes de 4 milles [allem. = 8 lieues] d’étendue la forteresse et le camp appuyé sur elle. Vercingétorix avait compté se battre sous ses murs : il n’avait pas cru qu’il y serait lui-même assiégé : en cas d’investissement, les vivres emmagasinés dans Alesia, si immenses qu’ils fussent, ne pouvaient plus suffire. N’avait-il pas à nourrir et son armée, 80,000 environ en infanterie, 15,000 hommes en cavalerie, et la population nombreuse abritée dans la ville ? Il comprit aussitôt que son plan de guerre serait cette fois la ruine, à moins que toute la nation, accourant à lui, ne délivrât son général pour ainsi dire captif. Un mois au plus se passa, pendant lequel se fermait sur lui la ligne d’investissement 2 pendant ce temps il pût faire vivre son monde: mais au dernier moment, le passage restant ouvert encore pour les hommes à cheval, il les lança tous dehors, et les dépêcha aux principaux de la nation, demandant la levée en masse, et l’envoi d’une armée de secours. Quant à lui, se tenant pour responsable du plan de guerre qu’il avait imaginé et qui tournait contre sa patrie, il demeura à Alesia, voulant partager le sort des siens dans la bonne et la mauvaise fortune. Cependant César se préparait active-