Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/134

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4*130 LIVRE V, CHAPITRE VIII `_ envers Clodius lui avait enlevé le royaume de la rue: ` ' impossible de compter désormais sur l’assentiment des comices populaires. Au sénat, les choses allaient pour lui moins mal 1 on pouvait douter pourtant qu’ayant si long- ‘ temps et si malheureusement laissé flotter les rênes, il -· _ pûtfacilement ressaisir sur la majorité son ancien ascen- ' dant, et lui imposer les votes nécessaires à ses projets. A

 La situation du sénat, ou mieux de toute la noblesse,

dans le pme. s’était aussi, dans l’intervalle, grandement modifiée. La °° "· J—·°· _.coalition de 694 avait porté des fruits qui n’étaient point , mûrs pour la lumiere. L’éloignement de Caton, l'exil de Cicéron, que l’opinion publique, avec son infaillible tact, faisait remonter à leurs véritables auteurs, si attentifs que . · fussent les triumvirs à y "paraitre étrangers ou à s’en ' montrer même chagrins, le mariage qui avait fait de, Pompee le beau-père de César, bien d’autres choses encore avaient leur triste et certaine signification: la monarchie s'annonçait avec ses lettres de bannissement et ses alliances de famille. Quant au gros public lui-même, bien - que plus loin des évenements, il ne voyait pas sans inquié- tude planter les jalons qui menaient clairement au régime futur. Du jour où l’on comprit que César ne visait point seulement a une réforme constitutionnelle et qu’il y allait de la vie ou de la mort de la république, bon nombre de citoyens honnêtes, jusque là fauteurs du parti populaire et dévoués à César comme à leur chef naturel, passèrent aussitôt, à n’en point douter, dans le camp opposé. Ce ne _ fut plus seulement dans les salons et les villas dela noblesse, ‘ jadis maitresse du pouvoir, que l’on entendit retentir les objurgations contre les « trois dynastcs, » contre le « monstre à trois tétcsî I » La foule se pressait aux discours . consulaires de César, muette et sans un signe d’assenti- ment. Nulle main ne se levait pour applaudir quand le consul démocrate entrait au théâtre. Que si l’un des soute-

• [Tpmépœvov, selon le mot de Varron
App. Bell. Gal. 2. C.]