Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/17

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PHARSALE 5 sale, et l’on voulait d’abord répondre par un.refus; mais T/téodotos, majordome du roi, fît observer que Pompée, ` , ayant de nombreuses intelligences dans l’armée, ne man- _ _ querait pas d’y pratiquer la révolte. — N’était-il pas plus ' sûr et plus avantageux, au regard de César, de saisir l’oc- casion de se défaire du fugitif? De telles et si puissantes raisons ne pouvaientmanquer leur—efl'et sur des politi- ques appartenant au monde grec d’alors. Aussitôt, le chef — des troupes royales, Achillas, monte sur un canot avec quelques ancienssoldats de Pompée; il l’accoste, l’invite a se rendre aupres du roi, et, comme l’on est sur les bas- fonds de la côte, à passer sur son bord. A peine Pompée y a mis le pied, qu’un tribun militaire, Lucius Scptimius, le frappe par derriere, sous les yeux de sa femme et de son fils, qui, debout sur le pont de leur navire, assistent _ au meurtre, sans pouvoir rien ni pour sauver la victime Mmaerompes. ni pour la venger (28 septembre 706). Treize ans avant, ` 48av.J.·C. a pareil jour, Pompée, vainqueur de Mithridate, avait mené son triomphe dans la capitale romaine (VI, p. 304) ; · et voici que l’homme paré depuis trente années du titre de · . Gmud, voici que l’ancien maître de Bomevient finir misérablement sur les lagunes désertes d’un promontoire inhospitalier, assassiné par un de ses vétérans. Général _ de capacité moyenne, médiocre du côté de l’esprit et·du cœur, le sort, démon perfide, l’avait accablé de ses cons- tantes- faveurs durant 'trente ans. Missions faciles au- tant que brillantes, lauriers plantés par d’autres et recueillis par lui seul. tout lui avait été donne, tout jus- . qu’au pouvoir suprême,—mis en réalité sous sa main, et ‘ ` cela pour n’arriver qu’a fournir le plus éclatant exemple · de fausse grandeur. qu’ait connu l’histoirel Parmi tous les " rôles lamentables, quel rôle plus tristeque celui de paraitre et n’etre pas ! Telle est la loi des monarcbies! A peine si, ` une fois en mille ans, il se leve au sein. d’un peuple un homme, voulant `qu’on l’appelle roi·et sachant régner! Vice fatal, inéluctable du trône !· Or, `s’il est vrai de dire