Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/54

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42 · LIVRE V,·CHAPITRE XI ' adolescence, il avait mené la vie de la jeunesse noble de son siècle. Il avait vidé et l’écume et la lie de la coupe de l’homme à la mode, récitant et déclamant lui aussi, litté- rateur et faiseur de vers sur son lit de repos l, expert aux affaires d'amour dans- tous les genres, initié a tous les ` mystères de latoilette élégante, coiffure, barbe et costume; habile par dessus tout dansl’art plein d’arcanes d’emprunter tous les jou rs et de ne payer jamais. Mais sa nature de souple ' acier résista a toutes les dissipations, ài toutes les folies: il garda intactes et l’alerte vigueur du corps et la chaleur expansive du cœur et de l’esprit. A l'escrime, sur son · cheval, il n’avait point d'égal parmi ses soldats: devant Alexandrie, un jour, il sauva sa vie en nageant dans les, ilots (p. 12); En expédition, il marchait de nuit le plus souvent, pour gagner du temps, et son incroyable rapidité lit honte a la lenteur solennelle de Pompée se mouvant d’un lieu à.un autre, et stupélia ses contemporains r elle ne fut pas la moindre cause de ses succès-. Gomme était son corps, ainsi était son esprit. Sa puissance admirable - de vue se réilétait dans ses ordres, toujours sûrs et clairs . a l’exécution, même quand 'il ordonnait sans avoirles, lieux sous les yeux 2. Sa mémoire était incomparable: il lui arrivait fréquemment de vaquer, sans broncher, a plusieurs affaires à la fois 3. Homme du grand- monde, homme de génie, régent d’empire, il sentait b_attre son cœur. . milles de sa tante Julie : « Maternum gemls ab regibus ortum, « paternum wm Dits immorlallbus coigunctum est; nam ab Anco » Marcto sunt ./Uorcii _reges, quo nomme fuit mater; a Venere » Julli, cujus gentts familta est nostra. » (Suet., Gœs. 6.) ‘ [ll avait laissé un poème de voyage, Iter, qu’il termina en reve! nant de la seconde guerre d'Espagne: jeune homme, il avait produit un Eloge d’IIercule, une tragédie d’0§dipe, dont Augustene permit ' pas la publication (Suet., Gws., 5, 7)]. ' ’ [Mimbili penitus scientia bellandl, in prœtorio sedens per spe-, citlatorcs et mmtlos imperabat, qua: fîeri volebat. (Bell. a/i·. 31.) ” [Scribere et legere simul, déclare el auctlre solilum qccephmts. Epistolas vero tantarum rerum quaternas parller Hbrarlls dlctare, aut si mhil aliud ageret, septenas (Plin., 7, 25)]. ' `