Page:Monet - Invantaire des deux langues - 1635, A-C.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
AU LECTEUR

vous acquerra une reputation glorieuse, & d’egale etanduë, à celle de toute la terre ; & de durée pareille à tous les siecles futurs.

Les Grecs ont emprunté grand quantité de mots Latins, & les ont biaisés à leur poste : les Latins an ont usurpé autant, & plus des Grecs, & les ont contournés à leur guise : les Gaullois se sont accommodés d’un nombre de paroles Grecques, & Latines, qu’ils ont alterées d’une etrange façon. De maniere, que l’original ne s’an decouvre an leur langue, que fort mal-aisémant au grand desavantage des moins usités an cete sciance, & avec interest des nations lesées an leurs idiomes, & au deshonneur des idiomes memes.

Voici donques un riche suiet de gloire immortele pour vous, & bien sortable au zele, dont vous vous piqués fort, pour la reformation de la naïve, & pure Etymologie des mots de chaque langue, transmarchés ans etrangeres. Mais, si vous ne le iugés à propos, ie ne vous solliciterai pas, de vuider ces vastes etableries d’Augias, regorgeantes de fumier de vieille date, que ie ne contribuë quelque petite courvée à ce travail Herculien. Et pour cet effet, ie m’en vai dresser un petit echantillon, des vocables, puisés des sources d’autrui, & alterés an ces crois langues susdites, pour vous metre an appetit d’i appliquer efficacement votre brave industrie, & grande suffisance, avec la Crise d’une iuste reforme : & ce pour vous relever de peine, à les rechercher parmi les livres. Que si mon soin vous agrée & votre travail vous reüssit, ie vous fournirai amplemant, de quoi continuer an cete honnorable tasche, tant utile au public, si toutefois vous n’aimés mieus, an faire vous memes le triage, bien plus à propos, que ie ne sçaurois faire.

{{{1}}}

Mots d’origine Latine, bien alterés par les Grecs les pratiquans dans leurs livres

VII Abentinos, pour Aventinus : Ammolios, pour Amulius : Ancora, pour Ancyra, Bacylon, pour Baculum : Barron, pour Varro : Bey, pour Veij : Belatura, pour Velatura : Velavron, pour Velabrum : Bellutus, pour Vellutus : Belon, pour Velum, : Berrucofus, pour Verrucosus : Beturios, pour Veturius : Brettanos, Bretrania, pour Britannus, Britannia : Brettios, pour Brutius : Calandae, pour Calendae : Carbilios, pour Carvilius : Kirinalios, pour Quirinalis : Cyrinos, pour Quirinus : Cyrites, pour Quirites : Dictatoria, pour Dictatura : Fæstylos, pour Faustulus, Fevruarios, pour Fcbruarius : Hortifios, pour Hortensius : Labinion, pour Lavinium : Larentia, pour Laurentia : Larentty, pour Laurentes : Lugdunesios, pour Lugdunensis : Narbonesios, pour Narbonensis Nometor, Numetor, pour Numitor : Hostylios, pour Hostilius : Ouicolae Favios, pour Ouicula Fabius : Phaestilos, pour Faustulus : Poplicos vicos, pour Publicus vicus : Poplios Marcos, pour Publius Marcus : Romos, pour Remus : Scepion, pour Scipio : Serbios, pour Servius : Tarcynios, pour Tarquinius : Tarraconesios, pour Tarraconentis : Tymbris, pour Tiberis.

{{{1}}}

Mots Grecs d’origine, fort biaisés, & detordus, par les Ecrivains Latins.

Achilles, pour Achilleus : Agrigentum, pour Acragas : Alexander, pour Alexandros : Annibal, pour Annibas : Asdrubal, pour Asdroubas : Brundisium, pour Brentesion : Buxentum, pour Pyxus : Carthage, pour Carchedon : Carthaginiensis, pour Carchedonios : Cassander, pour Çassandros : Hydrunium, pour Hydrus : Leander pour Leandros : Lysander, pour Lysandros, Machina, pour Mechane : Maeander, pour Maeandros : Meleager, pour Meleagros : Menander, pour Menandros : Periander, pour Periandros : Siculus, pour Sicelos, Sicilia, pour Sicelia : Talentum, pour Talanton : Taremum, pour Taras ; Tarentinus, pour Tarantinos : Velia, pour Helia : Velienses, pour Heliaei : Vibo, Vibonensis, pour Hippo, Hipponiates : Ulysses, pour Odysseus.

{{{1}}}

Mots d’extraction Latine, grandement defigurés par les Gaullois.

Ais, planche : Air, ville : Aisser : alier : fleuve : allier : alliage : aloüete : amande : amandier : amande : amander : ame : amer : amertume : aposeme  : apposer : approche : approcher : arbre : arbrisseau, ars, pour epaules : assieger : assiegemant : aune : auner : aunage : avoir.

Baiens : Bessin : bain : baigner : baignoire : ballon : ballonnet : ballonner : barre : baterie : bature Beausse : Beaussons : Beauvais : Beauvesis : benir : benisson : Berri : Berruiers : Besiers : beuf : beurre : beuvande : beuvete : beuveur : bien pour bene : bien pour bonum, boire : bouche : Bourguignon : Bourgogne : bras : brasselet : Bretagne : Bretons : bufle.

Cabus : caillé : caillote : cambre : camus : Cauaillon : cendre : cendrier : cendrer : cepier : cerf cerne : cerner : cerneau : Chaalons : chaine : chainete : chaînon : chair : chaire : chaise : chaleur ; chaleureus : Chalon : chalumeau : chambre : chambrier : chambriere : chameau : champ : champetre : chandele : chandelier : chant : chanter : chantre : chanvre : chape : chaperon : chapiteau : chapitre : char : charbon : charbonnier : chardon : chardonneret : chardoniere : chariot : charme : charmure : charme, arbre : charnel : charnu : charrete : charron : chat : chateau : chatelain : chaud : chauderon : chaudiere : chaume : chausse : chef : chenil : cheoir : cher : cherté : cheval : chevre : chevreau : chevron : chien : chose : chou : cité : citoien.

Ie n’an quoterai pas d’avantage, d’autant que, ce peu est plus que suffisant à faire voir au vrai, que ci devant i’ai asseuré avec connoissance de cause, que de trante pieces de notre langue, les vint-neuf, ne ressamblent que fort peu, à leurs matrices Latines. Que si ie voulois faire l’anatomie, par le menu, de chaque mambre, des seuls mots capitaus, que i’ai cités, ie ferois voir evidammant que de çant mots François, originaires du Latin, les quatre vints-dixneuf n’ont aucun rapport au son, avec leurs sources materneles. Et ie le montre, an passant, an ce seul mot Avoir, lequel nous allons devisagé, an lui levant sa premiere lettre, & outre ce, délabré an tous ses membres : & voiés commant.

I’Ai, i’avois, i’ai eu, i’avois eu, i’aurai, i’aie, que i’eusse que i’eusse eu, que i’aie eu, que i’aurois, & le reste. Voiés ses bigarrures, ses detours, à se detraquer des brisées de son pere, & de quele maniere il se replie dans soi-meme, pour s’an equarter d’avantage, & nous divertir de la connoissance de son estoc. Ie me deporte

d'an