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AMOUR


Quels attraits faut-il donc au roi d’Eucharistie ?
Oh ! combien séduisant, combien mystérieux,
L’amour qui doit sortir de la croix, de l’hostie,
Pour être en tant de cœurs encore victorieux !

Oui, bien mystérieux, Jésus, sont vos charmes !
Mystérieux les coups dont vous savez blesser !
Mystérieux l’attrait des soupirs et des larmes
Qu’à vos pieds tout saignants une âme vient verser !

Autour de vous partout mystère ! mais mystère,
Dont il est une clef, une seule, l’amour.
L’amour, tel que le ciel vint l’apprendre à la terre,
Tel qu’il coule là-haut dans le divin séjour.

Heureuse, heureuse donc une âme, votre amante,
Christ Sauveur. Elle peut parfois beaucoup souffrir ;
Mais elle aime beaucoup. Alors, on la fomente.
Sa douleur, car souffrir en aimant, c’est jouir.

Ô volupté sévère et mâle des souffrances !
Bouquet de myrrhe austère, à quels moëlleux bouquets
Les saints t’ont préféré, dans leurs douleurs intenses
Faisant de tes parfums leurs plus exquis banquets ?

À vous donc, Ô Jésus ! Je vous livre mon âme,
Pauvre altérée, ou rien n’apporte le repos,
Que, loin d’emplir jamais, la créature affame,
De désirs irrités véritable chaos !

À vous cette pauvre âme ! oh ! soyez son délice !
Daignez la faire entrer dans le cellier divin.
Daignez la faire boire au suave calice
Que chante votre Épouse. Ô Dieu ! Que j’aime enfin !

III



Eh bien ! frère, aimons donc, puisqu’ici-bas tout aime ;
Aimons, oui, mais aimons objet digne de nous.
Lequel ? ah ! nous savons, nous, la clef du problème ;
Nous savons quel objet est aimable entre tous.