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CŒUR MAGNANIME

pays, ils avaient accompli à pied, en véritables pèlerins des temps antiques, le traditionnel pèlerinage à la « bonne Sainte-Anne ». Cette foi si confiante et si généreuse devait avoir sa récompense… Un an plus tard, à pareille date, une ravissante petite créature venait égayer et combler les vœux de ce foyer chrétien. L’enfant bénie avait été nommée Anne-Marie…

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Monsieur Solier descendait d’une noble famille de la Vendée. Son aïeul était né à la Rochelle, il y avait vécu jusqu’à la fin de la tourmente révolutionnaire. Son sincère attachement à la famille royale et son intransigeance l’ayant désigné à la haine des Jacobins, il avait été emprisonné ; mais la veille du jour où il devait gravir les degrés du sinistre échafaud, un de ses fidèles serviteurs, rempli d’une audace héroïque, pénétrait dans la prison et en faisait évader son maître, au risque de sa propre vie. Il le garda caché dans sa propre demeure durant toute la période du danger. Au changement de régime, le vieux chouan abandonnant sa patrie était venu, avec les siens, s’établir au Canada. Son petit-fils, le docteur Solier, entretenait des relations qui le rattachaient au pays de ses ancêtres, il y comptait encore quelques parents éloignés ; c’est à la suite de la mort de l’un d’eux, lequel venait de lui léguer un assez important héritage, que Monsieur et Madame Solier avaient entrepris leur long voyage. Des circonstances imprévues les ayant contraints de prolonger leur séjour en France, ils se faisaient doublement fête de revenir au cher pays et surtout de revoir l’enfant aimée qu’ils y avaient laissée.