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CŒUR MAGNANIME

D’après ces dernières informations le Docteur Solier conclut aisément que l’enfant se trouvait complètement sans appui, et que de ce fait il ne serait pas réclamé ; cependant, pour plus de sécurité, en raison de l’avenir, il se promit d’écrire, aussitôt débarqué, aux pays d’origine du père et de la mère.

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Quand le petit Rodrigue ouvrit les yeux il fut tout étonné de se trouver sur les genoux d’une étrangère, laquelle le caressait avec une grande douceur. Gentiment il s’apprêtait à lui sourire, mais s’apercevant que parmi les personnes faisant cercle autour de lui sa « petite mère » n’était point, il se montra effarouché ; ses lèvres commencèrent à trembler, des larmes gonflèrent ses grands beaux yeux et tendant ses petits bras du côté de l’entrepont il dit en jetant un suppliant regard vers celle qui le serrait contre elle avec une tendre pitié. — « Maman, je veux maman. »

Madame Solier essayait d’apaiser cette précoce désolation, elle couvrait de baisers le visage en larmes de l’enfant qui répétait sans cesse, à travers ses sanglots, son douloureux et vain appel. Elle lui murmurait, en le berçant doucement, de douces paroles empreintes de cette suave tendresse et de ce charme sans nom dont seules les femmes, plus encore les mères, sont capables et qui triomphent toujours des plus profondes tristesses. Celle de l’orphelin allait bientôt céder à l’angélique bonté de sa mère adoptive.

On lui disait que, s’il était bien sage, il irait rejoindre un jour « petit père » et « petite mère » auprès du bon Jésus, où ils étaient allés tous deux pour préparer une