Page:Monge - Coeur magnanime, 1908.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
UNE ÂME DE PRÊTRE

Avec quelle intime jubilation l’Abbé Montmoret entonna, à l’heure des complies, son « nunc dimittis ».

« Oui, mon Dieu, lui disait-il durant sa longue veille au pied du tabernacle, à présent vous pouvez rappeler à vous votre serviteur : ma tâche est achevée. Les chères brebis que vous m’aviez confiées et qui s’étaient éloignées de vous, je les ai ramenées à votre divin bercail ; je reconnais, Seigneur, que c’est là votre œuvre, moi je n’ai été que votre humble ouvrier. Je vous offre les quelques jours qui me restent à vivre et l’affreuse agonie qui m’attend, pour la persévérance de mon petit troupeau. Faites, ô mon Dieu, qu’à l’heure du rendez-vous suprême je le retrouve tout entier dans votre beau paradis.

« Je vous prie aussi pour la Sainte Église, ma mère, et pour ma tant aimée patrie, ces deux cultes de mon cœur. Pour elles seules j’ai vécu, pour elles je veux mourir. Et vous, Vierge sainte, qui m’avez conduit à la victoire ne m’abandonnez point que je n’aie remporté mon dernier combat. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Trois semaines plus tard, un samedi, jour consacré à celle dont il avait été le si fervent chevalier, et à l’heure même où l’Église chantait les premières vêpres du patronage de Saint-Joseph, son illustre protecteur, l’Abbé Montmoret allait recueillir au ciel la récompense promise à ceux qui ici-bas ont « combattu le bon combat. »