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UNE ÂME DE PRÊTRE

À un petit Oiseau[1]

L’aurore brille : au loin la tempête s’endort.
L’oiseau vole gaiement, sous son léger murmure
La colline s’éveille, et comme un pur accord.
Monte de toutes parts l’hymne de la nature.

Soudain, dans ce concert du jour à son réveil.
Une voix vient frapper mon oreille ravie ;
Son accent est suave, à nul autre pareil.
C’est le tien, bel oiseau, qui célèbres Marie.

Charmant petit chanteur, bel oiseau du bon Dieu,
Ô toi qui, chaque jour, viens redire ma mère.
Quel attrait, dis-le-moi, te retient en ce lieu ?
Quel ange enchaîne ici ton aile si légère ?

Au petit des oiseaux, dans l’espace joyeux
Se jouer, emporté par ses mille caprices ;
Au premier vent jeter ses chants mélodieux.
N’est-ce plus là la vie et les seules délices ?

  1. Dans les cours de ces pensionnats congréganistes, que des Philistins persécuteurs ont fermés avec la brutalité que l’on sait, un des charmes, qui frappaient le visiteur, étaient de ces coquets oratoires en plein air, où l’on venait vénérer quelque madone, la plupart du temps une vierge de Lourdes dans cette attitude extatique qui l’a rendue si populaire. C’est à un de ces oratoires que la pièce suivante fait allusion. On comprendra, par le texte, que l’établissement, où il se trouvait, allait être fermé, et les angéliques femmes, ses hôtesses, allaient être dispersées. Ce sont ces douloureuses circonstances qui ont inspiré la plainte finale.