LE RAYON
Faute de soleil, la fleurette,
Dans un air froid, s’étiolait ;
Sur sa tige frêle et pauvrette
Vers le sol elle s’en allait.
Tout à coup l’aube blanchissante
Perce les voiles de la nuit ;
Devant sa clarté bienfaisante
À la hâte l’ombre s’enfuit.
Mais le soleil vient de paraître
Éclairant le vaste horizon.
La pauvre fleur se sent renaître ;
Car vers elle luit un rayon.
Sur l’humble fleurette tremblante
Il se pose timidement ;
Il l’aperçoit pâle et mourante ;
Puis il la baise chastement.
Sous cette tiède caresse
Reviennent et vie et couleur ;
La tige soudain se redresse.
Sauvée était la pauvre fleur !
Ainsi dans mon âme isolée,
Loin de mon ciel, je languissais :
La mort sur moi, pauvre exilée,
Commençait à graver ses traits !
Quand, doux rayon, votre sourire
Ami, m’est allé jusqu’au cœur.
Et, plus suave qu’un zéphyre,
M’a rendu ma jeune vigueur !