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CŒUR MAGNANIME


III


Les minutieuses recherches que Monsieur Solier fit faire en Europe au sujet des parents de l’enfant, qu’il avait recueilli à bord de la « France », confirmèrent ce que lui avait dit naguère le passager d’entrepont : le petit était bien seul au monde, il pouvait donc le garder sans craindre que plus tard on le lui reprit.

Les gâteries du bon Docteur, la maternelle affection de Madame Solier, mais surtout les fraternelles gentillesses d’Anne-Marie, accoutumèrent bien vite l’orphelin à sa nouvelle famille qu’il se prit à aimer avec tout son bon petit cœur.

Anne-Marie et Rodrigue s’entendirent à merveille ; dès les premières heures de leur rencontre, avec cette simplicité naturelle à l’enfance, ils se tutoyèrent comme s’ils avaient toujours vécu côte à côte ; réciproquement, et d’eux-mêmes, ils s’appelaient « petit frère », « petite sœur ». La fillette de quelques mois plus âgée que le petit garçon prenait au sérieux son rôle d’aînée et se montrait attentionnée envers Rodrigue comme une petite maman ; lui l’imitait en tout et la suivait comme son ombre.

Monsieur et Madame Solier furent ravis de cette si bonne entente, ils confondirent dans leur tendresse l’enfant de leur chaste amour et celui de leur charité. Rodrigue, sans hésitation, donna à ses parents d’adoption