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CŒUR MAGNANIME

durant sa vie terrestre, avait eu une prédilection si grande pour ces chers petits êtres, tout de faiblesse et d’innocence, qu’il se plaisait à attirer à Lui et à bénir en caressant leurs têtes blondes.

Lorsque le petit garçon eut atteint sa douzième année, Monsieur Solier le plaça au collège Sainte-Marie de Montréal, où il avait un frère professeur. La séparation fut bien pénible pour les deux enfants. Constamment ensemble dans leurs études, leurs jeux et leurs promenades ils étaient unis l’un à l’autre comme le lierre et l’ormeau. Pour se consoler et attendre en patience le temps des vacances on se promit de s’écrire fréquemment de bonnes petites lettres qui abrégeraient un peu la longueur de l’absence.

Rodrigue s’appliqua sérieusement à l’étude et devint un des meilleurs élèves du collège. Comme il avait à un degré profond le sentiment de la reconnaissance, il comprenait qu’il ne pouvait mieux la prouver à l’égard de ses parents adoptifs qu’en étant avant tout studieux et docile. Qu’il était heureux lorsqu’à la fin de chaque année scolaire il pouvait leur offrir les nombreux gages de sa bonne conduite et de ses succès. Les Solier se félicitaient chaque jour davantage d’avoir recueilli cet enfant d’élite qui savait si bien répondre à leurs bienfaits.

Sa plus grande joie, après celle de satisfaire ses bons parents, était de revoir sa chère petite sœur ; elle, alors, retrouvait sa joyeuse expansion que l’absence de Rodrigue modérait un peu : elle l’aimait tant ce petit frère ! Leur fraternelle affection ne connaissait point de halte ni de froideurs, elle allait toujours en grandissant ; et le moment n’était pas loin, où à leur insu elle