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CŒUR MAGNANIME

tienne aux heures où la solitude pèserait un peu trop lourdement sur ton cœur.

« Tu vas revoir le ciel qui t’a vu naître ; n’oublie point celui où s’est écoulée ton enfance ; unis dans ton patriotique amour la grande Patrie française et ta vaillante patrie d’adoption, car les deux se confondent dans l’âme canadienne.

« Mais avant tout souviens-toi que tu es chrétien ; fuis tous ceux qui seraient pour ta foi un sujet de scandale, garde bien intact ce précieux trésor, il surpasse toutes les humaines richesses. Observe fidèlement les devoirs sacrés que notre sainte religion impose à chacun de nous, ils sont notre meilleur encouragement dans les difficultés de la vie et notre meilleure défense contre les sollicitations du Tentateur.

« Au revoir, enfant, oui, au revoir, et que le ciel, à qui nous te confions te garde et te ramène auprès de nous sain d’âme et de corps. Nous prierons Dieu pour toi, prie-le pour nous aussi ; aime le bien toujours, et « vas droit ton chemin » !… »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sa mère à son tour le pressa contre son sein, des larmes, qu’elle s’efforçait de refouler, remplissaient ses yeux et en tombant se mêlaient à ses maternelles caresses. Une mère ne peut voir partir sans angoisses l’enfant chéri qu’elle a si longtemps bercé sur ses genoux et entouré de tant de soins. Celle de Rodrigue tremblait pour l’avenir : le cœur des mères a de ces intuitions étranges…

C’était la dernière minute de cette intime réunion.