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Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/125

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« Écoute, disait-il, c’est ta mère qui chante.
» C’est ta mère au tombeau qui nous bénit tous deux.

» Hélas ! depuis longtemps son ombre, errant sans cesse,
» M’a laissé seul et vieux ici près du foyer.
» Toi seule, ô mes amours ! console ma vieillesse ;
» Ta mère te l’a dit, ne vas pas m’oublier. »

» À ces mots quelques pleurs tremblaient sous ta paupière
Et t’approchant de lui, tu lui baisais le front :
« Bientôt, lui disais-tu, nous reverrons ma mère ;
» En attendant nos cœurs ici-bas s’aimeront. »

» Et pourtant te voilà les mains jointes, muette,
Dormant sous le linceul qui te voile aujourd’hui ;
Tandis que le vieillard, la paupière inquiète,
En vain sous l’humble toit te cherche auprès de lui.

» J’ai vu ses cheveux blancs agités par la brise ;
Il pleurait, appuyé sur son bâton noueux,
Là-bas, sur les degrés de cette vieille église,
Où tu priais pour lui dans des jours plus heureux.

» Et moi, je pleure aussi sur mon triste hyménée.
De ses mains, arrachant des roses à l’amour,
Élise, en ton cercueil, la mort t’a couronnée,
Disant d’un ton railleur : « Attends encore un jour. »