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Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/159

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» N’est-il plus pour le barde indocile et sauvage
D’amoureuses fraîcheurs, de solitaire ombrage,
Où d’un lointain passé l’écho mélodieux
Nous parle d’un ami qui nous entend des cieux ?
Dans l’oubli des ingrats, jurant à ceux qu’on aime
Un amour sans mélange, une foi sans blasphème…
Ne pourrons-nous revoir quelque vallée en fleurs,
Où nos yeux fatigués désapprennent les pleurs ?
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

» Tu glissas sur la terre, ame jeune et plaintive,
Comme aux cordes d’un luth une main fugitive,
Pour en tirer toujours les doux chants du regret,
Ou l’écho passager d’un céleste secret.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

» Mais quand les oublieux, dédaignant cette lyre,
N’en écouteront pas les accords que j’en tire,
Moi, gardien jaloux de leur virginité,
Je ne veux que la nuit et que l’éternité.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

» Viens donc, emporte-moi, souffle libre et sublime !
Des frais gazons du val aux neiges de la cime.
Là-haut ! fuyons là-haut. De ces monts radieux
Notre tombe s’éclipse, et le ciel s’ouvre mieux.