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Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/28

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tout-à-fait irréprochable. Outre la touche maladive, qui apparaît plus d’une fois dans la pensée et dans la forme, il y a dans la conception elle-même un point laissé obscur, qui pourrait bien constituer un vice radical. Ce poème est une allégorie. Or, une allégorie n’est qu’une image, mais cette image doit être claire et fidèle. Cette condition n’est pas remplie dans le Poème des Alpes. Nous comprenons fort bien ce que représente le poète ; mais les sylphes ? et le chasseur ? Les sylphes sont-ils autre chose qu’une personnification de la nature dans ce qu’elle a de plus enjoué ? Dans ce cas, qu’ont-ils à faire du poète et que se mêlent-ils de morale ? Ou bien, s’ils sont quelque chose de plus, s’il leur appartient réellement de nous dire :

« Ah ! dans les jours de la souffrance
Vivons d’amour et de silence,
Ne publions pas notre deuil, »


pourquoi nous sont-ils présentés comme de « jeunes fous, » de charmants écervelés qui s’amusent sur les abîmes, plus légers que le chamois ? Ainsi, des deux termes de l’allégorie, l’un n’est pas clair : l’analyse n’a pas été poussée assez loin.

On voit que nous ne cherchons pas à faire le panégyrique de notre poète ; il n’en a pas besoin, et nous ne croyons pas devoir cacher ses défauts pour montrer sa grandeur. Ce que nous désirons, au contraire, c’est de faire bien comprendre