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CONTES POPULAIRES EN ITALIE

devait, en grommelant d’autres refrains magiques, couper à midi trois feuilles de palmier avec des ciseaux d’acier, — que sais-je encore ? Il va sans dire que toutes les incantations de l’Hécate sicilienne n’ont eu aucun résultat ; les hommes qu’elle voulait brouiller vivent en paix ; notre auteur n’a charmé aucune jeune fille en buvant de l’eau bénite. Il n’importe, ce peuple tenace n’en croit pas moins au pouvoir surhumain de la Sibylle. Par malheur elle a quitté le pays, probablement parce que notre auteur la gênait. La magie, blanche ou noire, ne peut réussir que chez les croyants : il en est ainsi du magnétisme et de beaucoup d’autres choses encore. « Le monde est à qui le prend, » dit un proverbe florentin.

Il y a aussi des superstitions essentiellement chrétiennes ; la plus répandue en Italie et partout est la Religion du vendredi. Même par les trois quarts de nos lecteurs, le jour de la Passion est regardé comme un jour néfaste. Les Siciliens répètent souvent ce proverbe :

Nè di vènnari, ne di martiri
Nun ti moveri, ne li partiri

Les Toscans disent exactement de même :

Giorno di venere, giorno di marie,
Non si sposa e non si parte.

Ce qui veut dire en français :

Aux jours de Vénus et de Mars
Point de noces ni de départs.

À Palerme on n’obtiendrait à aucun prix d’un capitaine de navire qu’il mît à la voile un vendredi. Il faut attendre le minuit du samedi pour qu’il lève