parer mon âme, dites-moi maintenant si vous désirez que j’invoque une affection, une providence, la paix de quelque maison, ou quelque mauvais sort.
— Essayons de tout cela, reprit notre auteur, après un silence.
Rita lui apprit alors comment il devait s’y prendre pour attirer à lui sa bien-aimée, en cas qu’il en eût une.
— Il faut, dit-elle, un vendredi vous procurer un peu de chanvre et vingt cinq écheveaux de soie de couleur, puis, à dix-huit heures juste (six heures avant le coucher du soleil), vous commencerez à les filer en chantant ces deux vers :
Il sert pour attacher ce cœur.
Il fallait ensuite entrer dans l’église, le chanvre et la soie à la main et, pendant la consécration, quand le prêtre élèverait l’hostie, prononcer à plusieurs reprises quantité de formules sacramentelles que Rita voulut bien dicter. « Et ainsi, dit-elle, votre bien-aimée deviendra folle de vous. Oui, folle, folle. La voici, elle est là, regardez, toute haletante elle vient à nous. Qu’elle vienne ! Qu’elle vienne ! »
Notre auteur ouvrit de grands yeux et ne vit rien du tout. Minuit avait sonné, il était temps de rentrer à la ferme. Au retour, Rita continua ses enchantements. Elle répandit de l’eau devant une porte pour faire entrer le diable dans une maison. Elle dit un Ave Maria à la lune pour porter bonheur à la fermière. Elle recommanda à notre auteur d’autres ablutions, d’autres simagrées pour conjurer le mauvais sort : il devait se laver dans l’eau bénite en marmotant un couplet où était nommé Pilate ; il