Page:Monnier - Les Contes populaires en Italie, 1880.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
Contes populaires en italie

désespérés. Mais l’ogre sort une hachette aiguisée, puis il prend la petite par un pied, donne l’autre à sa femme et puis lève le bras avec le fer pour fendre en deux la créature. À cette vue, la mère ne put se tenir : elle saute à bas du lit et se jette à genoux et se met à hurler et à pleurer comme une âme damnée :

— Ne me la partagez pas ! ne me la partagez pas ! Prenez-la plutôt toute entière : au moins ne la verrai-je pas abîmée ainsi !

L’ogre dit :

— Je l’accepte ; je la prendrai toute pour moi, mais pas tout de suite. Je vous la laisse à garder, bien plus, je vous paierai tous les frais pour votre peine. Puis, quand la bambine sera grande, je l’emmènerai avec moi et j’en veux faire une pitance friande. Donc adieu, c’est une affaire entendue, à nous revoir !

L’ogre et sa femme retournèrent chez eux et tinrent parole, parce que tous les mois ils envoyèrent aux parents de la petite une belle somme d’argent, et des effets d’habillement, et de bonnes choses de choix pour manger. Mais, quand la fillette eut cinq ans, l’ogre vint la prendre, et tout fut inutile ; il la voulut avec lui de toute façon. Et quand il l’eut emmenée dans sa maison, il l’enferma pour l’engraisser dans une chambre au haut d’une tour où il n’y avait pas d’escalier pour y monter. Et puis il dit à la Cathò :

— Garde-la bien, que rien ne lui manque. Aie bien soin que personne ne la voie et qu’elle ne s’échappe point quand je serai dehors pour mes affaires.

Et pour pouvoir l’appeler, il lui donna le nom de Persillette.