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Page:Monnier - Les Contes populaires en Italie, 1880.djvu/23

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CONTES POPULAIRES EN ITALIE
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roulèrent des monnaies d’or et d’argent qui couraient alors comme de l’eau. Cet alors est de Rosa Brusca, qui raconte l’histoire et qui n’aime pas le papier-monnaie. Le partage fait, restait une piastre que le chef de la bande ne savait à qui donner ; chacun la réclamait vivement, et la discussion eût pu finir à coup de couteau ; mais l’un des voleurs eut une idée lumineuse.

— Il y a ici un mort, dit-il en montrant Giufà ; prenons-le pour cible, nous allons tous tirer sur lui, le visant bien, avec nos escopettes, et celui d’entre nous qui lui mettra une balle dans la bouche aura l’écu.

La proposition plut aux voleurs, qui préparèrent leurs armes. Aussitôt Giufà, qui par bonheur avait bonne oreille, se dressa sur ses deux pieds dans sa bière et cria d’une voix tonnante :

— Morts, ressuscitez tous !

On peut se figurer la terreur des malandrins, qui s’enfuirent à toutes jambes en laissant sur la table les pièces d’or et d’argent. Et Giufà trouva là de quoi payer son beau béret rouge.

Une autre fois Giufà était au service d’un tavernier qui l’envoya laver des tripes dans la mer. Vint à passer un vaisseau ; le garçon d’auberge fit des signes avec son mouchoir, et le vaisseau complaisant se détourna de son chemin pour aller voir à terre ce qu’on lui voulait. Le capitaine descendit, et Giufà lui demanda :

— Ces tripes sont-elles bien lavées ?

Imaginez-vous la rossée que reçut le pauvre garçon qui, croyant avoir mal parlé, murmurait en pleurant :

— Comment fallait-il dire ?

Le capitaine répondit :