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CONTES POPULAIRES EN ITALIE

n’eut donc pour sa part qu’une bouchée et se sentit défaillir.

— Maître, dit-il, comment mangerai-je ?

— Eh ! mon frère, dit le Maître, pourquoi n’as-tu pris qu’un petit caillou ? Les autres ont eu beaucoup de pain parce qu’ils avaient porté beaucoup de pierres.

On se remit en marche, et le Maître renouvela l’épreuve, mais cette fois saint Pierre, le fripon, prit un quartier de roche.

— Moquons-nous un peu de celui-là, dit le Seigneur aux autres.

Ils arrivèrent dans un village où tous jetèrent bas leurs charges parce qu’ils y trouvèrent du pain, et saint Pierre resta tout courbé parce qu’il avait charrié un bloc énorme sans aucune espèce de plaisir. En cheminant toujours, ils rencontrèrent quelqu’un qui dit au Maître :

— Seigneur, j’ai mon père malade de faiblesse, faites qu’il se porte bien.

— Est-ce que je suis médecin ? dit le Maître. Savez-vous ce que vous avez à faire ? Mettez-le au four, et votre père redeviendra petit garçon.

Ainsi fut fait et l’on se remit en route. Saint Pierre marchait devant et vit arriver un homme qui venait à la rencontre du Seigneur.

— Que cherches-tu ? demanda l’apôtre.

— Je cherche le Maître, parce que j’ai ma mère déjà bien vieille et bien malade ; le Maître seul peut la guérir.

— Eh bien ! ne suis-je pas là ? C’est moi qui suis Pierre. Sais-tu ce que tu as à faire ? Chauffe le four et mets-la dedans, elle guérira.

Le pauvre homme le crut sur parole, sachant combien saint Pierre était aimé du Seigneur. Il alla