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CONTES POPULAIRES EN ITALIE

Pendant qu’elle faisait toutes ces réflexions, voici une goutte de cire chaude qui tomba dans le nez du chevalier, et lui, se sentant brûler, se réveilla en disant :

— Trahison ! trahison !

Il se leva, et aussitôt il renvoya sa femme.

Dirons-nous la fin de notre conte : comment l’épouse, qui était grosse, se mit en chemin, trouva deux ermites, l’un plus vieux que l’autre, se chaussa de souliers de fer, et en marchant longtemps, longtemps, finit par arriver au palais du roi Cristal, celui à qui les fées avaient enlevé son enfant ? C’est là une seconde histoire assez mal accrochée à la première. Ce qui nous intéresse dans tout ceci, c’est le mariage mystérieux de la pauvre fille, c’est la curiosité qui la perd, c’est le sujet qui a tenté tant de poètes : aujourd’hui M. de Laprade, avant lui Corneille et Molière, La Fontaine, longtemps avant eux Apulée : c’est le vieux mythe d’Amour et de Psyché. Et n’est-il pas singulier qu’Apulée ait commencé son récit comme un conte de fées : Erant in quadam civitate rex et regina ; il y avait dans une certaine ville un roi et une reine ?

Mais voici une histoire qui nous a paru plus étonnante encore : c’est la légende de la Belle de Liccari.

LA BELLE DE LICCARI

On conte et on raconte qu’aux vieux temps il y avait à Carini une jeune fille bien plus belle que le