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JULES MICHELET.

de très prrs celle de son grand-père fut pour lui un affreux déchirement. Cette mère délicate, nerveuse, maladive, qu’il avait souvent contristée dans son enfance par une certaine dureté dispuleuse de caractère, était devenue pour lui une amie. Son père lui fut conservé encore trente et un ans. Jamais ils ne voulurent se séparer et quand son oncle Narcisse, frère de son père, devint veuf, Michelet le prit aussi chez lui. Kn commençant d écrire ses souvenirs d’enfance, en SllO, il déclarait : « Je veux vivre auprès de ceux que j’ai aimés. « Il Ta fait au détriment même de son bonheur, car sa première femme Pauline fut jalouse de l’affection de Michelet pour son père, pour Poret, et cette jalousie fut une source de cruelles souffrances pour elle et pour les autres. Si plus tard le second mariage de Michelet amena bien des dissentiments pénibles entre lui et ses enfants, c’est qu’il avait commis l’imprudence d’associer entièrement sa vie à la leur.

Dans son journal de 1820, Michelet juge déjà son père comme il fera vingt-six ans plus tard, après lavoir perdu : « Papa, écrit-il allait chez M. Duchemin — de midi à cinq heures, et le reste du temps il soignait maman et faisait, avec la dernière complaisance, tout notre petit ménage. Je ne puis me rappeler ce temps sans sentir de la vénération pour cet excellent homme. Véritable philosophe pratique que j’ai toujours vu froid dans les dangers, gai dans les malheurs, d’une inéi)uisable bonté pour tous ceux qu’il aimait ; trompé toutes les fois qu’il s’est confié aux hommes, son cœur s’est

’Je cite d’après le journal original cf non d’après le texte légèrement modifié qu’on trouve dans Ma Jeunesse, p. 125. ’M. Michelet père était le gérant de la maison de santé du li’Duchemin, rue de la Monnaie.