Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/53

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Pour lui, l’histoire n’est ni un récit, ni une analyse philosophique, c’est une résurrection.


    reuse, capable de s’éprendre successivement de toutes les manifestations les plus diverses de l’esprit humain. Je donne en entier ce passage curieux, dont M. Despois n’a cité que quelques lignes. On avait reproché à Michelet d’être partial en faveur de Luther. « On pourrait me reprocher également, répliqua-t-il, d’être partial en faveur des Vaudois, comme plus tard en faveur de sainte Thérèse et de saint Ignace de Loyola. C’est cependant pour l’histoire une condition indispensable que d’entrer dans toutes les doctrines, que de comprendre toutes les causes, que de se passionner pour toutes les affections. Une idée ne se produit qu’à la condition d’être dans l’esprit humain et d’aider au développement général de l’humanité. Aussi est-elle toujours bonne, toujours utile, toujours nécessaire. L’histoire déroule une vaste psychologie qui embrasse dans un ordre successif toutes les notions, toutes les facultés qui constituent l’intelligence de l’homme ; chaque notion, chaque faculté se révèle tour à tour sous la forme d’un parti, d’une nation, d’une doctrine, et fait à travers les événements sa fortune dans le monde. Comment s’étonner que l’histoire trouve des sympathies pour l’homme tout entier, pour sa raison, son imagination, son cœur, pour la liberté et pour la grâce, pour le dogme et pour la morale ? Qu’il recueille çà et là les parties afin de reconstruire l’ensemble et qu’il les honore et les aime toutes, puisque dans toutes il voit se refléter cette image sacrée de lui-même que Dieu a jetée dans l’homme seulement. (Journal de l’instruction publique, 25 janvier 1835.)