Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/88

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le passé, et il est mort des coups qui l’ont frappée. Elle était pour lui une religion : « La patrie, ma patrie peut seule, disait-il, sauver le monde. » Son histoire lui semblait le plus beau, le plus utile des enseignements. Il rêvait « une école vraiment commune où les enfants de toute classe, de toute condition, viendraient un an, deux ans, s’asseoir ensemble, et où l’on n’apprendrait rien d’autre que la France[1]. » C’est cet amour pour la France qui lui a dicté son chef-d’œuvre, ces pages qu’on ne peut relire sans des larmes, la Vie de Jeanne d’Arc, l’héroïne, le messie de la patrie.

Mais le patriotisme de Michelet n’avait rien de commun avec le chauvinisme étroit de ceux qui ne savent aimer leur pays qu’en haïssant l’étranger. Bien loin d’y trouver des motifs d’égoïsme et de haine, il y trouvait la source d’un amour plus large encore. La patrie était pour lui « l’initiation nécessaire à l’universelle patrie ». « Plus l’homme, disait-il, entre dans

  1. Le Peuple, page 352.