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MICHELET A L’ÉCOLE NORMALE

(1827-1838)

Pendant l’hiver de 1828-1829, deux fois par semaine, à six heures et demie du matin, on voyait passer sur la place du Panthéon, venant de la rue de l’Arbalète et se dirigeant vers la rue Saint-Jacques, un jeune homme de petite taille, au visage rose encadré de longs cheveux déjà grisonnants, vêtu d’un frac noir, déculottes courtes, de bas de soie et chaussé d’escarpins. Il ne paraissait pas se douter de la rigueur de la saison ; son regard ardent témoignait de la flamme intérieure qui animait son corps frêle ; la pensée rayonnait de son large front et de ses yeux aux vifs éclairs ; la parole semblait prête à sortir, vibrante et colorée, de sa bouche fine et mobile ; son nez droit, aux ailes frémissantes, témoignait d’une sensibilité toujours en éveil. Il portait sous le bras