Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/105

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elles ne suffisent pas au cœur de l’homme… Rien ne me touche plus que de lire les amitiés de l’antiquité. Marc-Aurèle est mon catéchisme, c’est nous-mêmes. »

Mais les amis étaient loin, les correspondants parfois négligents. Le travail seul était le compagnon de toutes les heures, le consolateur de la solitude et de tous les déboires. Comme à l’École, Taine fait marcher de front les devoirs professionnels et les études personnelles. Il rédige tous ses cours et commence ses thèses. Il écrit dès le 30 octobre : « Je travaille deux heures chaque matin pour ma classe qui se fait à huit heures. Il me reste sept heures par jour, plus les jeudis et les dimanches, pour les études personnelles. J’ai commencé de longues recherches sur les sensations. C’est là qu’on voit le plus nettement l’union de l’âme et du corps. Ce sera ma thèse, si on ne veut pas une exposition de la logique de Hegel. » L’attentat du 2 décembre ne ralentit pas son ardeur au travail ni n’ébranla sa foi dans la science : « Je déteste le vol et l’assassinat, écrit-il le 11 décembre, que ce soit le peuple ou le pouvoir qui les commette. Taisons-nous, obéissons, vivons dans la science. Nos enfants, plus heureux, auront peut-être les deux