la logique de ses raisonnements d’un brillant manteau d’images. Ses carnets de notes, où autrefois tout était classé par idées abstraites, deviennent des recueils d’impressions visuelles, d’observations de caractères et de mœurs, rendues avec une intensité parfois excessive. Mais en même temps il est fidèle à ses habitudes d’ordre méthodique et de construction régulière. Son imagination est mise au service de sa logique et c’est par des procédés de développement oratoire qu’il cherche à donner du mouvement et de l’animation à ses classifications progressives. On reconnaîtra toujours en lui l’homme qui avait éprouvé ses premières sensations littéraires en lisant Guizot et Jouffroy, et qui eut un culte pour Macaulay. « Ma forme d’esprit, dit une note écrite le 18 février 1862, est française et latine ; classer les idées en files régulières, avec progression, à la façon des naturalistes, selon les règles des idéologues, bref oratoirement… Je me souviens fort bien qu’à dix où onze ans, chez ma grand’mère, je lisais avec intérêt une discussion de je ne sais plus qui sur le Paradis perdu. de Milton. C’était un critique du XVIIIe siècle, qui démontrait, réfutait en partant des principes. L’histoire de la civilisation de Guizot, les cours de Jouffroy
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