rité terne et convenue, la variété et les caprices du goût individuel ; à la timidité et au terre à terre de l’idéologie, les larges horizons d’un spiritualisme éclectique où trouvaient place toutes les grandes doctrines qui avaient tour à tour dominé ou séduit l’esprit humain, et qui prétendait même concilier la religion et la philosophie. Mais, si brillante qu’ait été cette époque de l’histoire intellectuelle de la France, quel qu’ait été le génie de quelques-uns des hommes et la beauté de quelques-unes des œuvres qu’elle a enfantés, bien qu’elle ait élargi le goût comme la pensée et donné à la littérature et à l’art plus d’originalité, de couleur et de vie, elle n’avait pas entièrement satisfait les espérances qu’elle avait fait naître. Elle s’était trompée en prenant pour un principe de l’art la liberté, qui n’en est qu’une condition. Son éclectisme superficiel, son syncrétisme confus avaient manqué d’unité d’action, d’idéal défini, de principe organique. Elle avait remplacé certaines conventions par des conventions nouvelles, une rhétorique vieillie par une autre rhétorique qui avait pris des rides en quelques années ; elle était tombée, elle aussi, dans le vague, la déclamation, le lieu commun ; elle avait cru que l’inspiration et le caprice pouvaient
Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/160
Apparence