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Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/212

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de la mort, l’autre vie et l’espérance. La religion reçue ainsi, sans intermédiaire humain, fut très forte en moi. Comment dire l’état de rêve ou me jetèrent ces premières paroles de l’Imitation ? Je ne lisais pas, j’entendais… comme si cette voix douce et paternelle se fût adressée à moi-même. Je vois encore la grande chambre froide et démeublée ; elle me parut vraiment éclairée d’une lueur mystérieuse… Je ne pus aller bien loin dans ce livre, ne comprenant pas le Christ, mais je sentis Dieu. »

En même temps s’éveillait en lui l’amour de l’histoire et le sentiment de sa vocation future.

« Ma plus forte impression, continue-t-il, après celle-là, c’est le musée des monuments français… C’est là, nulle autre part, que j’ai reçu d’abord la vive impression de l’histoire. Je remplissais ces tombeaux de mon imagination, je sentais ces morts à travers les marbres, et ce n’était pas sans quelque terreur que j’entrais sous les voûtes basses où dormaient Dagobert, Chilpéric et Frédégonde[1]. »

  1. Le Peuple, page 26.