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Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/290

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trois vies. — J’accepterais le sort, — si parmi ces pensées — une autre ne venait — une autre inquiétude — au point si vulnérable — où bat, vibre mon cœur[1]. »

Évidemment l’instrument avait perdu de sa vigueur et de sa délicatesse. Au lieu de la riche variété des harmonies d’autrefois, nous voyons revenir constamment le même rythme, la même ritournelle. C’était un premier signe où l’on reconnaissait que son talent se ressentait des atteintes de l’âge.

Et pourtant on hésite à prononcer les mots d’âge, de vieillesse, à propos de Michelet, tant il resta toujours jeune de cœur, d’esprit et d’imagination, en dépit des années, en dépit des hommes. Lorsqu’on embrasse dans son ensemble cette vie si simple et si pure, cette série d’œuvres si variées, si originales, si poétiques, on se demande quel a été le trait de son caractère et de son génie qui le distingue nettement de tous les autres écrivains français ; comment il se fait qu’il soit pour ainsi dire unique en son genre, qu’il n’ait pas eu d’ancêtres

  1. La Montagne, page 202.