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Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/298

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à rendre la voix à ces masses populaires anonymes, à ces souffrants, ces persécutés, ces déshérités qui fout l’histoire et pour lesquels l’histoire est ingrate. Les deux points culminants de l’histoire de France étaient pour lui ce qu’il appelait ses deux rédemptions, Jeanne d’Arc et la Révolution. Il a consacré à l’une un volume qui est son chef-d’œuvre, et un des chefs-d’œuvre de la littérature française, à la seconde un ouvrage en sept volumes.

Il aborda l’histoire de la Révolution avec un sentiment d’enthousiasme mystique, vers 1845, peu après la mort de sa première femme : il s’y prépara dans une sorte de recueillement ascétique. Il prévoyait des révolutions politiques, peut-être des guerres européennes, il voulait rapprocher les classes, enseigner à la bourgeoisie l’amour du peuple, enseigner à tous « l’élan de 92, la gloire du jeune drapeau et la loi de l’équité divine, de la fraternité, que la France promulgua, écrivit de son sang. » Le Peuple, paru en 1846, fut la préface de l’Histoire de la Révolution, dont le premier volume est de 1847.

Composée dans cet esprit, cette histoire, qui repose pourtant sur des recherches très sérieuses et très neuves, a plutôt les allures