Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/308

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Théâtres, concerts, banquets, il voulait de grandes manifestations de la vie collective unissant les classes et les moralisant toutes. Il a tracé à la fin du Banquet un admirable programme de ces pia vota si différents de la réalité. Il demandait aussi que l’on fît pour le peuple des livres qui lui donnassent sous une forme très simple, mais élevée et belle, non enfantine, une nourriture intellectuelle solide et saine, des livres d’action, des bibles du travail (récits de voyages, biographies des grands inventeurs, etc.) des livres de morale, et surtout la Bible de la France. Lui-même avait écrit le Peuple et la Bible de l’humanité, mais il sentait que sa langue n’était pas accessible au peuple et il en souffrait.

Michelet a pourtant écrit une de ces Bibles populaires, c’est sa Jeanne d’Arc. Tous peuvent la lire et la comprendre. Les livres tels qu’il les désirait commencent à naître, et il aura contribué à leur éclosion. Si ce grand écrivain était trop original pour avoir à proprement parler des disciples, il aura exercé néanmoins une puissante et durable influence, dans la science, dans la politique, dans l’éducation, dans les mœurs publiques : il aura été un